Ouvrage disponible en anglais
Jamais aucun ouvrage n’a été consacré à Marguerite Gérard. Souvent réduite à son statut de belle-soeur de Fragonard, elle est pourtant une artiste majeure de la toute fin du xviiie siècle. Élève, puis assistante et enfin collaboratrice de Fragonard, elle finit par s’accomplir seule, s’imposant dans la réalisation de portraits et de scènes de genre parfois voluptueuses. Unique femme peintre de genre de son époque, elle excelle dans le traitement des reflets sur les surfaces, la caractérisation des chairs et même dans la composition de scènes de la vie quotidienne, talent qui permet aujourd’hui de lui attribuer le célèbre Baiser à la dérobée (Saint-Pétersbourg, musée de l’Ermitage) que l’on a longtemps
attribué à son beau-frère. Hubert Robert, Charles de Wailly, Fragonard lui-même, ou encore Claude-Nicolas Ledoux – dont le portrait est conservé à Paris, au musée Cognacq-Jay – tous se sont laissés scruter par le pinceau intimiste de ce nouveau maître qui offre souvent ses toiles à ses modèles. Mais Marguerite Gérard ne peut renier l’héritage de son professeur, que l’on retrouve dans ses scènes d’intérieur représentant des instants d’amour maternel aussi bien que des scènes de séduction ou de marivaudage. Indépendante, éprise de liberté, Marguerite Gérard ne se maria jamais afin de se dédier à son art et ne chercha jamais à intégrer l’Académie, utilisant son intelligence et son intuition d’artiste pour obtenir le succès commercial qui fut le sien. Après Élisabeth Vigée Le Brun ou Adélaïde Labille-Guiard, Marguerite Gérard fait partie de ces femmes peintres entre xviiie et xixe siècle dont nous redécouvrons la personnalité et le grand talent artistique. Abondamment illustré, l’ouvrage comprend des annexes détaillées, ainsi qu’un catalogue raisonné de l’oeuvre.
Carole Blumenfeld est une ancienne pensionnaire de l’Académie de France à Rome, Docteur en Histoire de l’art.