Amédée de la Patellière
Les éclats de l'ombre
Né dans la demeure familiale de Bois-Benoit à Vallet, non loin de Nantes, le 5 juillet 1890, Amédée de La Patellière voit très jeune naître sa vocation artistique. Dès l’âge de quinze ans, il suit les cours du peintre nantais Alfred Leduc tout en poursuivant ses études. En 1910, il est à Paris où il fréquente l’académie Julian. Deux années de service militaire puis près de cinq années terribles dans la tourmente de la Grande Guerre mettent un terme à sa formation artistique balbutiante. Deux fois blessé, il n’est démobilisé qu’en juillet 1919. Après une nécessaire reconstruction, il regagne Paris. Commence alors une phase de recherches et d’expérimentation qui, en dépit de quelques apparitions au Salon d’Automne notamment, ne s’achève que dans le courant de l’année 1923. Il lui restera alors à peine sept années, ponctuées par la maladie, pour développer son œuvre. La Patellière est emporté en janvier 1932 par une infection généralisée causée par ses blessures.
Durant cette courte période, il réalise plus de 900 tableaux et études et s’impose comme l’un des peintres majeurs de sa génération, au côté d’André Dunoyer de Segonzac, Yves Alix, Henri de Waroquier ou André Favory. Ces artistes sont marqués par le réalisme qui est alors la tendance prédominante dans l’art français. Ils refusent l’académisme et ont intégré le souci d’ordre et de construction du cubisme. Ils ne forment pas un groupe homogène mais tous s’affirment comme des indépendants. Dans cette floraison d’individualités, La Patellière occupe une place singulière. Homme d’une profonde spiritualité, son esthétique est faite de « la coexistence d’éléments contraires – mais non contradictoire » où se mêle ainsi soucis de construction et lyrisme, onirisme et ancrage dans le réel, attachement à la figure de Delacroix et attention portée à Picasso et à Matisse… L’apport de la littérature est prépondérant dans la compréhension de son œuvre. Grand lecteur, sa peinture y trouve ses fondements théoriques. S’il partage avec Maurice Denis un fort intérêt pour les écrits de saint-Thomas d’Aquin, il se nourrit aussi de la mystique de l’allemand Jakob Böhme, qui sera l’une des principales sources de son « surréalisme », ou dans celle de Plotin. L’objectif de La Patellière est de « transposer la nature par des moyens plastiques pour la situer dans un plan spirituel. » Refusant tout esprit de système, Il a développé une œuvre qui se laisse difficilement enfermer dans une catégorie tant elle apparaît variée dans ses thèmes, sa forme et ses ambitions.
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