Pierre Loeb
Ouvrage collectif
La modernité dans le respect de la tradition
Considéré comme l’un des derniers grands post-cubistes français, Pierre Loeb appartient à la seconde génération de la figuration dite « de synthèse ». Employée pour la première fois à l’orée des années 1950, l’expression regroupe alors les tenants d’une esthétique née de la réappropriation des deux principaux courants picturaux français du début du xxe siècle que furent le cubisme et le fauvisme. Les figures historiques du mouvement ont pour nom Georges Dayez, Camille Hilaire, Jean Marzelle, Marcel Mouly, Jean Cluseau-Lanauve, Claude Schürr, Jean Chevolleau… Leurs points communs : un goût marqué pour la géométrisation des formes et une palette le plus souvent flamboyante.
Pierre Loeb fut tour à tour élève à l’École des Arts Appliqués de Metz, à l’École Paul Colin, à l’Académie André Lhote et à l’Académie Henri Goetz. Longue d’une quinzaine d’années, cette formation plurielle lui a permis d’acquérir un métier solide, entre attachement à la tradition d’une part et prise en compte des avancées informelles par ailleurs. Les Chocolatures, ces délicieuses petites compositions abstraites réalisées sur cartonnage de chocolat qui jalonnent son travail depuis de si nombreuses années, révèlent à ce sujet l’intérêt profond qu’il a toujours porté aux recherches du mouvement non figuratif issu de la Seconde École de Paris et dont Estève, Bazaine, Manessier et Bissière sont les plus beaux représentants. Pierre Loeb n’a eu de cesse de chercher à percer les arcanes de la création. Ce lent cheminement qui le poussait il n’y a pas si longtemps encore à participer chaque semaine à des ateliers de dessin libre avec modèle vivant lui a permis d’atteindre dans ses recherches cet équilibre si français où le plaisir a toujours sa part. Fidèle à la leçon de Cézanne, Bonnard et Matisse, maîtres situés au sommet de son panthéon personnel, il sait mieux que quiconque que l’art ne peut se suffire d’un bel ordre si sa fin n’est pas la délectation. Ainsi l’austérité apparente de certains de ses travaux finit-elle toujours par s’effacer devant la grâce des arabesques et la sensualité des couleurs.
Alors que la mode actuelle pousse un nombre croissant de plasticiens à vouloir faire table rase du passé, Pierre Loeb n’a d’autre prétention que d’imposer sa vision personnelle tout en marchant sur les traces laissées par d’autres. À l’instar d’André Lhote dont l’enseignement a beaucoup influencé son travail, il cherche à inscrire la modernité non pas dans la rupture, mais dans la continuité et le respect de la tradition.
Bruno-Pascal Lajoinie
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